Cavalier, propriétaire, éleveur, amateur, professionnel, filière santé équine, quelque soit la discipline : équitation classique, CSO, Hunter, dressage, monte camarguaise, ibérique, endurance, équitation western, tri de bétail, cutting, reining, barrel, randonnée, balade, loisirs, clubs... Ma clientèle en tant que sellier est très diversifiée et pourtant, c'est souvent le même discours et les mêmes explications que je répète. 

Alors pour toi, et pour avoir un petit mémo "NOT TO DO LIST", voici mon top 5 des erreurs récurrentes que j'entends dans l'atelier :

Combien de fois as-tu toi même vu ou entendu des cavaliers rajouter une muserolle ou un mors plus dur, pour contenir un cheval "compliqué" ? 

Bien sur que cela peut fonctionner, à court terme. Mais à quel prix ? 

Dans ce même contexte, j'ai parfois des clients un peu désespérés qui attendent d'un de mes sidepulls ou hackamores qu'il transforme leur vie.

SPOILER  : ça ne le fera pas, si ton cheval n'est pas considéré dans son ensemble. 

Alors certes, investir dans un matériel solide et qui est confortable, c'est réellement mettre toutes les chances de son côté. Passer au sans mors sur un cheval sensible ou douloureux ça peut tout changer, oui, je l'ai déjà vu. 

Avant tout, c'est déjà s'assurer de ne pas faire mal à sa monture et finalement, ça, c'est ce que l'on recherche tous, non ? 

Pour autant, un nouvel accessoire ne retirera pas ta peur. 

Un nouvel accessoire ne pourra pas remplacer un travail d'éducation sain et calme. 

Un nouvel accessoire n'effacera pas un trauma incrusté dans la tête de ton cheval. 

Si j'étais vénale, je te dirais le contraire, histoire de vendre ce que je fabrique. Mais ce n'est pas mon objectif, mon problème, c'est que j'aime les chevaux et je veux ce qu'il y a de mieux pour eux. 

Si je peux apporter une aide matérielle, à travers mes créations que je veux les plus qualitatives possibles, je sais aussi que je ne peux pas remplacer un contrôle vétérinaire, un diagnostic de comportementaliste, un suivi ostéo et dentiste. 

Ne culpabilise pas. Respire, prends du recul. Ton cheval te parle, prends juste le temps d'écouter. Oui, tu en es capable. 

Pitié, arrêtez de me badigeonner ça à tout va ! 

Je n'ai rien contre la graisse à cuir, loin de là. Mais mon métier m'a fait réaliser à quel point il n'y a aucune formation à l'entretien du cuir dans un parcours de passages de galop, par exemple. 

Et franchement, si ça n'avait pas autant d'impact sur ta sécurité, je te laisserais graisser joyeusement. 

Alors pour rappel : 

Non, la graisse à cuir ne nourrit pas. Pas franchement. En fait, son problème, c'est qu'elle ne pénètre pas en profondeur. La graisse c'est un produit de finition. Elle imperméabilise sur quelques dixièmes de millimètres d'épaisseur, ce qui est super important, c'est clair. Mais elle ne donnera pas de la souplesse à cœur. 

Exemple concret : quand tu as les mains qui craquèlent en hiver, qu'est-ce que tu applique dessus ? De l'huile de Monoï, ou une crème bien riche (ou lait hydratant) ? 

Si tu veux un vrai protocole d'entretien pour ta sellerie, j'ai fait tout un article spécialisé, juste là : 

Là dessus, on est tous d'accord, c'est là que le bât blesse : le budget.

Pour acquérir un de mes bridons, il faut à minima compter 250€, là ou on trouve toute la panoplie à 70€ ou moins à décathlon (et ne me parlez pas de biothane sinon ma Greta Thunberg intérieure va se mettre à hurler "HOW DARE YOU!"). 

Pour être tout à fait franche, ce type de matériel convient à peu près aux randonneurs du dimanche qui ne vont que très peu sortir. Maintenant, quand un est un cowboy qui s'est tanné la peau du postérieur en selle, on se sait. 

Opter pour du bas de gamme est une fantaisie que l'on ne peut pas se permettre. Là où un filet à été cousu à l'autre bout du monde par quelqu'un payé au lance-pierre qui n'en n'a probablement rien à cirer que son point d'arrêt tienne ou non, à l'Atelier du Minotaure c'est moi qui fais les coutures, point par point. Noué, serré, contrôlé. 

C'est moi qu'on vient voir quand ça casse. 

C'est moi qu'on vient voir quand ça ne fitte pas. 

Moi je suis là, quand tu as un problème. Quoiqu'il, c'est chez moi que ça se termine, et comme l'a si bien dit Jean de la Fontaine  "On rencontre sa destinée souvent par les chemins qu’on prend pour l’éviter."

Et si on fait les comptes autrement : un bridon à 300 € qui dure 20 ans, c’est 15 €/an.
1,25 € par mois.

Moins qu’un café en terrasse. Combien de tes bridons a fait plusieurs chevaux ? Après, c'est une question de mode de consommation...

Ah ça, vous les adorez ! 

Et je ne peux pas vous en vouloir, c'est parce que vous aimez vos poneys et vous voulez qu'ils soient confort moumoute, et ça, je valide à 4000%. 

Seulement, à force d'entendre des commerciaux t'expliquer que tu es une ignoble et immorale cavalière propriétaire si tu ne choisis pas la têtière ergonomique ou anatomique (qui coûte le triple de la classique, bien sûr), tu achète par peur de faire souffrir ton cheval, mais sans savoir vraiment pourquoi ni comment. 

Alors, quitte à moins vendre mes têtières ergonomiques (que je n'appelle comme ça QUE pour que tout le monde comprenne de quoi je parle) je vais t'expliquer : 

Le principe de l'ergonomie c'est d'être parfaitement adapté aux formes du corps (du cheval, ici en l'occurrence).

Alors déjà, parler d'ergonomie quand ce n'est pas dessiné sur mesure sur lui, c'est un peu antinomique. Mais bon, circonstances industrielles obligent, admettons. 

Maintenant, si ton cheval n'a pas les oreilles très reculées en arrière de l'axe du montant de mors (3 doigts sous l'oeil grosso modo), si tu n'as pas la sensation que la têtière classique lui rentre dans les oreilles...... Pourquoi l'alourdir d'une grosse têtière anatomique dont il n'a pas besoin ? 

Un jour la guilde des selliers harnacheurs me mettra au bûcher, c'est certain. Mais pour moi, moins on en met, mieux c'est. Il ne faut pas oublier la légèreté de l'ensemble, et tu sais ce que ça fait de porter un casque,  un serre-tête ou un masque d'halloween trop lourd et encombrant. 

Si jamais tu veux plus de détails là dessus, je te laisse checker cet article :

Cinquième et dernière erreur récurrente sur le matériel d'équitation (et tant mieux parce que j'en ai marre de taper) : 

S'oublier soi, humain. Faire passer le cheval en priorité au détriment de ton plaisir, de ton bien être. 

A la base, on est tous d'accord. On ne veut pas faire du mal à nos chevaux et on veut même le meilleur pour eux. Pas moins que ça ! Dans cette idée on éteint nos envies pour tenter de répondre aux leurs. 

Il y a le cheval et ses besoins. Il y a toi et tes besoins. Il y a la discipline que tu pratique et tes objectifs. 

Peut-on maintenant considérer que se contraindre et se frustrer est une stratégie long-terme viable ?

Sommes-nous sûrs que ça ne risque pas de retomber sur le cheval qu'on cherchait justement à ménager ? 

La limite est très fine, et nous avons tous peur de la franchir, et devenir maltraitants. C'est d'autant moins facile avec toutes ses vidéos de conseilleurs d'instagram qui nous font culpabiliser, des coachs auto-proclamés qui, ça tombe bien, ont une super formation en ligne à nous vendre, ou bien des commerciaux de sellerie qui, ça tombe bien, ont THE outil miracle qui va tout régler et faire de toi le meilleur propriétaire de la terre. 

Et comment ne pas être inquiets face à des questionnements du Bien-être animal tels que "L'équitation doit-elle être encore autorisée?". 

On va tous respirer et prendre de l'altitude. En réalité, si c'était aussi facile, ça se saurait. 

On est tous des humains déglingués, qui essayons de ne pas trop déglinguer les autres humains ni nos chevaux. 

Alors, c'est vrai que ça fait rêver, de monter son cheval à crue et sans mors, cheveux au vent. Mais si tu es comme moi, une anxieuse, que ton lâcher-prise reste aux écuries quand tu te mets en selle, c'est prendre le risque de te rigidifier, et d'appuyer sur un sidepull ou un hackamore qui va faire très mal. 

Mettre un mors n'est pas méchant. 

Monter sans mors ça ne fait pas de toi un Saint. 

Il n'y a pas d'outil miracle. 

Il n'y a pas d'outils de torture. 

Ce qui fait la différence, c'est celui qui tient l'outil. 

Tu peux utiliser un rouleau à pâtisserie pour faire de bonnes tartes aux fraises, ou pour éclater la boîte crânienne de ta mère, le rouleau n'y est pour rien. 

Et c'est sur cette note poétique et joyeuse à la Mercredi Addams que je terminerai :) Des Bisous